chez odette

"Chez Odette, on se félicite du chant en français et on est infiniment reconnaissant du service de qualité rendu par cette vieille maison qui célèbre la chanson française: la SACEM." Terrain Hostile.

vendredi 4 février 2011

internet ça marchera jamais / va mourir à mérignac / kourgane c'est chouette

Tel fût mon diagnostic initial, mariole que j'étais, sur ce tsunami qui arrivait sur nos côtes au début des nineties.
La justesse de ce jugement me couvre encore de honte et d'opprobre (avec 2 r comme courroux ou roger lemerre, NDLR ne pas en déduire que j'assimile le sémillant directeur de l'école de rock du Cours Barbey au mystérieux entraineur de l'équipe de france qui essaya en pure perte de ramener la dêche à la raison dans le rond central) 20 ans plus tard parmi mes amis les + chers (qui me coûtent le + cher je veux dire ...).
Puis alors que les années passaient gentiment, j'échafaudais (pour essayer de remonter dans l'estime de mes + chers amis) de nouvelles théories alarmantes sur ce merveilleux medium tout en créant moult sites à l'arrache et pages myspace à la vas-y que j'te pousse le mulôt ... et puis un jour exit myspace, tous sur facebook, amis branchés ... zob, ça suffit ... arrêtons de faire comme tout le monde, c'est ennuyeux à la fin, la plèbe.
La principale théorie en moi que j'avais éveillée alors, était que tout devenant gratos, conséquemment, consubstanciellement et con toi-même, personne n'est payé.
Les media existants, dont les ressources s'amenuisent en un déchirant fade out de stoner doom ou de la digue du cul, disparaissent les uns après les autres.
Les fidèles prescripteurs habituels sont obligés de trouver un second job pour vivre (genre correspondant local: va t'en trouver un truc interessant à dire sur la trépidante vie locale de ... mérignac par exemple ... dont le maire, pourtant socialiste, a un nom de martyre chrétienne antique, sainte-marie, pourquoi avez-vous permis un tel lieu de détresse, sainte-marie priez pour nous, qu'on pourrait à juste titre assimiler au trou du cul du monde ?), nos fines lames qui finissent donc leur journée exténués par cette recherche vaine (t'as vu la nouvelle résidence au fin-fond de beaudésert, on dirait vaguement un étron de john paul jones, t'as vu ?) et donc pas la moindre envie de se coltiner en + une chronique qui va lui rapporter 0,17 euros les 12 mots (hors articles, gros-mots et digressions interminables).
En contrepartie, comme c'est open bar, cet internet, tout le monde peut s'exprimer, en particulier les blaireaux et moi.
Et donc, si tenté que notre héros du passé, le bon vieux prescripteur, à l'issue de sa journée à essayer de trouver un angle entre la programmation du gentil krakatoa - pourtant brûlant - et du méchant pin galant - pourtant galant - trouve de nouvelles ressources le soir pour enquiller et dire tout le bien qu'il pense par exemple du dernier disque des Fiery Furnaces, va t'en retrouver dans le fatras des considérations à loyer modéré le jugement important, interessant bref de qualité d'icelui, une fois que tu t'es farci 2, 3 diarrhées verbales incompréhensibles (cf les interventions de pat the rock ou de ses copains ou ennemis - on fait pas bien la différence - sur le blog de françois gorin télérama) ou scolaires ou misérables ou ... !
Tu renonces vite-fait à chercher (ou oublies) ce que tu étais venu chercher.
Autant aller chercher dans mérignac un édifice présentant un vague intérêt architectural ...
J'en ai pourtant recensé 2 pour ceux que ça interesse:

  • l'espèce de petite église en arrivant sur la place de la mairie de merde qui, dans une logique toute mérignacaise, par le trûchement de valeureux promoteurs immobiliers et de leurs complices institutionnels qui en croquent j'te raconte pas, se trouve, au jour d'aujourd'hui comme on dit à mérignac la jolie, engoncée entre 2 résidences de merde de style "on aimerait bien faire un max de thunes donc on fait au + juste au niveau dépense et en plus on a pas que ça à foutre, on a une résidence à faire en 18 jours à la Bastide".
  • l'espèce de gentilhommière improbable en hauteur entre le super marché casino et les 14000 résidences qui servent à héberger les étudiants de la fac de médecine, les primo-accédants et autres jeunes actifs qui pourraient remplir les salles de concert, lieux de culture, bistrots, qui feraient que la vie serait plus belle ... mais qui préférent aller faire les courses au casino et rentrer pour "plus belle la vie". 
Après cette introduction interminable (j'en profite pour saluer ceux qui auront tenu bon et qui arrivent, chancelants au dénouement), voiçi où c'que je voulais en venir.
Avant hier, je tombe chez un ami sur la programmation du gentil quoique écumant krakatoa, évoqué plus haut et qu'elle ne fut pas ma surprise (formule éculée et donc libre de droits) de constater qu'il y avait 3 fois rien et surtout dans ces 3 fois rien 2/3 de locs. Je me dis: "Ah !".
2 jours + tard (c'est à dire hier ... les + perspicaces relèveront là que j'ai menti - et je m'en excuse - sur l'horodatage du 1er évenement déclencheur attribué à Avant hier alors qu'en toute logique 2 jours plus tard par rapport à hier aurait dû donner Avant-avant hier CQFD !), je reçois un mail de mon président de Bordoroques, toujours à l'affût d'une vacherie institutionnelle à balancer, qui me communique la programmation de l'établissement concurrent de toujours, l'école de rock du Cours Barbey, également cité plus haut, comme c'est habile ! Et là pareil, queud, 3 conneries, quasiment que de la loc !
"Mais bordel de merde, que se passe t'il à Burdigala ?" m'écriais-je en latin !
Il se passe quelque chose ... ou plus précisément il ne se passe plus rien dans ce bled pourtant au patrimoine de l'UNESCO (cf mon prochain post, j'en bave d'avance).
Plusieurs hypothèses pour expliquer ce marasme chez la belle endormie (qui du coup va pouvoir roupiller à qui mieux-mieux avec ses nouveaux copains, les jeunes actifs des résidences de mérignac):
  • l'évitement de Bordeaux par les tours-operators amerloques et rosbeef: du fait de la mondialisation, les groupes un peu importants se farcissent des tournées mondiales interminables et donc réduisent les dates en France et donc forcément Bordeaux, pourtant la ville la plus rock de France d'après les bordelais, au même titre que la France est écoutée dans le monde d'après les français et singulièrement une bande de pimpoyes au pouvoir depuis peu, se trouve évitée de justesse par le très grand contournement cher à jupetto, un des pimpoyes évoqués plus haut. 
  • l'arrivée du 3ème daron du rock bordelais avec une 3ème smac rive droite (y avait la smac de droite à chaban à bordeaux, la smac de gauche à sainte-marie priez pour nous, mérignacoués, et maintenant on a la smac des déshérités de la rive droite, tout ceci, sans compter la vingtaine d'"équipements culturels" municipaux rutilants "neuf jamais servi", tout ceci étant bien sûr disproportionné par rapport à l'affluence réelle aux concerts de musiques actuelles dans la CUB qui ne cesse probablement de décroitre, bien que nous n'ayons aucun chiffre sur ce sujet malgré nos armées d'institutionnels émerites au plus près du terrain et le projet d'observatoire de la culture qui n'a toujours pas commencé 10 ans après avoir été envisagé).
    Il est probable que ce 3ème larron, pour exister programmatiquement, accepte des cachets supérieurs à ceux que pratiquent les 2 autres historiques maquignons et donc rafle tous les trucs un peu importants. Les 2 historiques l'auront au tournant de la comptabilité.
  • dernière explication - la plus interessante à mes yeux ébahis - et qui rejoint (enfin) mon propos initial, la théorie de l'éparpillement dû à internet.
    Hormis les festivals qui relèvent plus du phénomène de bande que d'un quelconque penchant mélomane, la disparition des media traditionnels, qui avaient comme effet de concentrer l'intérêt du public sur les stars, les meilleurs, les plus charismatiques, les plus beaux, les plus fous, les plus funs, les plus bonnards, les plus dansants ... fait que le public, livré à lui-même dans une jungle d'informations + ou - valables & intelligibles se retrouve faire ses choix comme il peut et sur de nouvelles propositions qui n'auraient sûrement pas existé auparavant.
    Les cas Grégoire, Kameni ou ché pas quoi sont les plus caricaturaux mais on assiste partout à une multiplication de propositions équivalentes. Prenons l'exemple de Eliott Smith (ou de Catpower), je pense qu'il y a a peu près dans toutes les villes occidentales (de plus de 223500 habitants) un ou plusieurs ersatz d'Eliott Smith, certains très proches par la qualité du maitre.
    Et donc le public qui naguère aurait adoubé assez massivement Eliott se retrouve dispatché entre Eliott et ses clones et du coup ça fait moins de monde et un concert qui aurait fait 700 y'a 10-15 ans maintenant va faire 300 ici, 150 là, 77, 41, 23, 22, 18, 12, 4, et 1 pour le + tocard des Eliott qui a pour sa peine gagné un jambon !
    Et donc ce format de salle qui recevait ce genre d'artistes dits indés, les SMAC, avec une jauge aux alentours de 1000, qui a connu ses heures de gloire dans les nineties, est peut-être un format révolu au temps béni d'internet ? ils ont d'ailleurs anticipé le coup, les gonzes, en proposant des formules Club pour des affluences de 200. On se dirige donc probablement vers une offre à 3 têtes: les festivals pour les blaireaux, les salles gigantesques pour les blaireaux et les petits lieux pour tout le reste (98% de blaireaux, 2% de mecs super cools).
Cette tendance que je pressens au plus profond de moi-même, comme une éruption volcanique qui jaillirait des loges de l'ancienne salle des fêtes d'Arlac (où on mange si bien au passage) pour rayer de la carte cette affreuse Mérignaque, sa malette et son agisson, en un fracas inférieur à 105 db bien sûr, par la grâce des limiteurs, cette tendance qui bizarrement (comme précisé dans le titre, je rappelle au lecteur qui nous rejoint à l'instant que j'ai une assez bonne intuite en général) ne s'est pas traduit dans les faits dans la ville de Marcel Merkes et Paulette Merval (eh oui érudit Bordeaux Rock, bien avant les groupes en ST, y'avait eu les groupes en MER).
On a plutôt assisté ces derniers temps à une fermeture généralisée des petits lieux (inca, sonar, 115, centrale, ...) mais mon petit doigt me dit qu'il s'agit là d'une nouvelle ère qui s'ouvre, un peu comme au Mesozoïque, pendant l'Ere Secondaire, vous vous souvenez ? quand les dinosaures s'en allaient mourir à Bègles, au Carouf des 2 rives, hé bé là c'est commaque, mais avec les smaques et les mérignaques.

Pour illustrer cette foutue prémonition, quoi de mieux qu'un bon morceau vénéneux (mais poilant) de ces ombrageux palois (mais sous le bèth cèu de Pau) de Kourgane, hein ?
Ca s'appelle (comme c'est raccord !) "Ce qui était prévisible" et c'est sur le petit dernier, Heavy. 
Numéro de transaction : 6VK1512840869464L / Bandcamp download; kourgane.bandcamp.com/album/heavy; MP3 320K; $8,90 USD

2 commentaires:

  1. Je vous recommande la lecture du bouquin "Rédiger sans complexe", un ouvrage qui apprend à bien classer les idées et rédiger pour être lisible...

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  2. foutrement bien envoyé, cher Anonyme !

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